Des visages de synthèse pour de la biométrie plus éthique
Rares sont les personnes qui n’ont pas leur photo sur internet. L’utilisation de ces photos par les chercheurs et ou les concepteurs de logiciels de reconnaissance faciale pose de nombreux problèmes éthiques et scientifiques. « Pour éviter les biais, les chercheurs ont non seulement besoin d’un grand stock d’images très diverses, mais aussi équilibré en terme de genre, d’âge ou encore d’origine de la personne représentée, » explique Sébastien Marcel, responsable du groupe de recherche de vie privée et sécurité biométrique de l’Idiap. « C’est là toute la difficulté : ces stocks d’images sont rarement représentatifs de la diversité de la population et, lorsqu’elles le sont, il est souvent impossible de les utiliser pour un autre projet de recherche, conformément à la réglementation sur la protection des données. » Grâce au soutien financier de la Fondation Hasler, le projet SAFER va créer des visages de synthèse de personnes qui n’existent pas et pouvant servir à développer des outils de reconnaissance faciale éthique.
Open source et transfert de technologie
L’évolution du cadre législatif, notamment au niveau européen, et la réticence, même de la part des GAFA, à constituer des bases de données biométriques pour la recherche sont un réel défi. En incluant plusieurs partenaires et en menant les recherches de sorte à ce qu’elles soient ouvertes et reproductibles, le projet a pour ambition de créer une nouvelle référence scientifique. L’espoir est que cette approche puisse dans le futur également être transposée à d’autres domaines de la biométrie, telles que la reconnaissance vocale, les empreintes digitales, etc. et plus largement aux domaines utilisant l’apprentissage par ordinateur (machine learning).
Au-delà de sa dimension académique, cette démarche permet également d’intégrer au projet dès le départ un partenaire industriel, SICPA. La société jouera un rôle clé en testant, évaluant et utilisant les logiciels, les bases de données et les méthodes de générations de ces bases de données, développées conjointement par l’Idiap et l’Université de Zurich. Cette collaboration permettra d’assurer que les résultats des recherches sont non seulement transposables, mais aussi utilisables dans la pratique.
Prévu pour durer trois ans, le projet permettra d’engager un doctorant à l’Idiap et un autre à l’Université de Zurich.
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