Les plateformes participatives urbaines dessinent une carte mondiale des contributions citoyennes
Les villes sont au cœur de nombreux défis : de l'atténuation des effets du changement climatique aux questions de mobilité et de sécurité. Des politiques éclairées sont essentielles pour relever ces défis. C’est pourquoi les municipalités recueillent de plus en plus de données grâce à des bénévoles via des plateformes participatives. Les participants utilisent les capteurs intégrés dans leurs téléphones portables - GPS, caméra, microphone - pour contribuer aux observations faites sur le terrain. Ce type d'outil urbain étant de plus en plus discuté dans la littérature académique, des chercheurs du groupe Social Computing de l'Idiap ont réalisé une revue systématique de ces études à travers le monde. Leur travail a permis d'examiner et de cataloguer les plateformes, en se concentrant sur leur localisation géographique, leurs objectifs spécifiques et la disponibilité des données publiques. Leur travail fournit une image plus complète de ces outils à travers le monde. Cette recherche d'Alessandro Fornaroli (ancien étudiant en master à l'EPFL) et du Prof. Daniel Gatica-Perez a été réalisée dans le cadre du projet européen H2020 ICARUS.
De la science citoyenne à l'urbanisme
Grâce à une sélection et une classification rigoureuses, les chercheurs ont pu analyser 30 études couvrant 32 plateformes participatives pour la collecte de données urbaines lancées et maintenues par des autorités locales. La répartition géographique de ces plateformes est vaste. Les villes couvertes se trouvent sur quatre continents : l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Europe. L'examen systématique a révélé que les signalements urbains, qui permettent aux citoyens de faire remonter des problèmes aux administrations municipales ou aux autorités locales, tels que les nids-de-poule, les ordures ou les objets publics cassés, constituent une pratique populaire.
Perspectives d'avenir
"Même si notre travail fournit des informations précieuses sur l'état des plateformes urbaines pour la collecte de données fournies par les citoyens, plusieurs questions demeurent. Par exemple, nous avons observé qu'une grande majorité des plateformes - environ 70 % - sont basées aux États-Unis et en Europe. Comme nous n'avons analysé que la littérature académique en anglais, nous ne pouvons pas dire si ce déséquilibre résulte de ce choix méthodologique ou d'une réelle disparité dans l'existence des plateformes dans le monde", explique Daniel Gatica-Perez, responsable du groupe Social Computing. L'étude a également mis en évidence des disparités au niveau des données que les plateformes mettent à disposition du public. "Comprendre pourquoi les décisions locales sont prises en ce qui concerne le partage des données est une autre question ouverte. Cela pourrait être le résultat de différentes perspectives juridiques et culturelles sur les données, et souligne la valeur de la recherche centrée sur l'humain dans ce domaine", conclut le chercheur.
Plus d’informations
- “Urban Crowdsourcing Platforms Across the World: A Systematic Review,” A. Fornaroli and D. Gatica-Perez, ACM Digital Government: Research and Practice (DGOV), publié en ligne en août 2023
- Groupe de recherche Social computing
- Projet européen H2020 ICARUS